Le texte qui suit est un entretien réalisé par la journaliste Daphnée Leportois avec le sociologue Paul Jobin, disponible en version plus courte sur le site « Le Plus » du Nouvel Observateur.
Dans un article paru en décembre dernier (Retour à Fukushima, PDF), vous avez décrit la situation des ouvriers à Fukushima avant et après la catastrophe. Pourriez-vous nous résumer en quoi ont consisté les politiques de radioprotection à Fukushima, et ce qui caractérise la situation actuelle, un an après la catastrophe ?
C’est une gestion de la main-d’œuvre à la « dose » qui a été appliquée. Même avant la catastrophe, TEPCo (Tokyo Electric Power Company) a toujours eu recours à un important vivier de main-d’œuvre pour ne pas dépasser les quotas de radiation annuels par individu. Les dernières statistiques de TEPCo (datées du 30 novembre 2011) signalaient 3 745 intervenants sur le site en mars (environ 1 700 employés de TEPCo et 2 000 sous-traitants), et 14 000 pour la période d’avril à octobre, avec cette fois une majorité de sous-traitants (plus de 12 400). Ces chiffres, déjà conséquents, n’intègrent sans doute pas les niveaux 5 à 8 de la sous-traitance, ceux qui effectuent les tâches les plus exposées aux rayons ionisants.
Le niveau 1 c’est celui du donneur d’ordre, TEPCo, et le niveau 2, celui des fabricants de réacteurs Hitachi, Toshiba, GE etc. Ca c’est le haut du panier, cadres et techniciens qui jouissent d’une bonne couverture sociale. Après ça se complique. Les niveaux 3 et 4, ce sont souvent des PME spécialisées dans le nucléaire qui fournissent des ouvriers qualifiés (plombiers, chauffagistes, électriciens etc), une bonne partie des entreprises sont locales mais il y a aussi beaucoup de « gitans » qui vont d’une centrale à l’autre. Les niveaux 5 à 8, c’est un monde très opaque, avec des modes de recrutement assez sauvages, via les agences d’intérim ou la pègre. Donc la moitié des intervenants ne fait l’objet d’aucun suivi radiologique et de santé. On peut donc aussi parler d’un système de camouflage de la radiation.
Depuis le 11 mars, il a fallu beaucoup de monde pour s’occuper des débris de Fukushima Daiichi, et tenter de stabiliser la situation des réacteurs et des piscines qui contiennent les barres de combustibles. A raison de 3 000 ouvriers par jour en moyenne, on arrive aujourd’hui, un an après, à un chiffre théorique de plus d’un million de travailleurs ayant au moins passé une journée sur le site de Fukushima Daiichi. Ce chiffre ne veut pas dire grand chose car la plupart interviennent au moins trois jours, et depuis juin, en moyenne plus d’un mois, mais en multipliant par deux les chiffres de TEPCo que je viens de mentionner, on arriverait peut-être à une fourchette plus exacte du nombre d’ouvriers qui sont passés par Fukushima Daiichi depuis le 11 mars 2011, et qui ont donc été exposés à des niveaux importants de radiation.
Et il en faudra encore beaucoup d’autres. Car contrairement à ce que le Premier ministre Noda a affirmé le 16 décembre, on est très loin d’un « cool down ». Cette déclaration a provoqué la colère de beaucoup d’ouvriers présents sur le site. C’est tellement en décalage avec ce qu’ils vivent au quotidien et la réalité de la situation.
Cela dit, par delà cette crise exceptionnelle que subit actuellement le Japon, la situation des ouvriers du nucléaire en France n’est guère plus enviable. Pour ceux de vos lecteurs qui n’en seraient pas convaincus, il faut absolument voir le documentaire d’Alain de Halleux « Nucléaire, rien à signaler ».
À partir de quel niveau les radiations sont-elles dangereuses ?
Ca, c’est un problème qui ne concerne bien sûr pas seulement les ouvriers du nucléaire. La question suscite beaucoup de controverses, mais depuis les années 1990, il y a globalement consensus au niveau international dans la communauté des médecins et des épidémiologiste spécialistes des radiations pour dire qu’il n’y a pas de seuil de non-dangerosité. C’est notamment la position de la Commission internationale de protection radiologique (CIPR), qui est plus ou moins indépendante du lobby nucléaire. Ses dernières recommandations en dates (2007 : voir la version française ici) préconisent des niveaux d’exposition de 20 mSv par an pour les ouvriers, et 1 mSv pour le reste de la population. Jusqu’en 1990, ces normes étaient respectivement de 50 mSv et de 5 mSv, et en fait, elles n’ont cessé d’être revues à la baisse depuis la création de cette commission avant guerre.
Mais le débat a été grandement faussé après guerre, à commencer par la propagande américaine conduite au Japon à partir des années cinquante du « nucléaire pour la paix » (Atoms for Peace), pour faire passer la pilule des bombardements atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. Et cela fait soixante ans que l’industrie nucléaire, militaire puis civile, finance tout une production pseudo-scientifique qui simplifie démesurément les conséquences pour la santé de l’exposition aux rayons ionisants. A qui aura profité cette science ?
Ainsi pour les épidémiologistes qui conseillent le Premier ministre japonais, en dessous de 100 millisieverts (mSv) par an, il n’y a pas de danger avéré. Dans la préfecture de Fukushima, y compris dans des zones urbaines où résident encore beaucoup d’enfants, les débits de dose externe peuvent aller de 10 à plus de 80 mSv annuels, ce qui pour des enfants et de jeunes adultes présentent de graves menaces à terme. L’un de ces experts, le Prof.Kosako, a démissionné en larmes fin avril parce qu’il trouvait cela inadmissible.
Mais pour ses collègues, cette situation ne justifie pas encore une évacuation. Ils s’appuient sur les études qui ont été conduites sur les survivants de Hiroshima et Nagasaki pour affirmer qu’en dessous de 100 mSv, la surmortalité par cancer est très faible, donc négligeable, et que plus généralement, il n’y a pas d’effet « stochastique », c’est-à-dire de conséquences observables permettant d’attribuer une certaine probabilité de risques pour une population donnée.
Pourtant, il suffit d’une dose cumulée de 5 mSv cumulés par an pour déposer une demande de reconnaissance en maladie professionnelle dans le cadre des travaux soumis aux rayonnements. C’est une contradiction majeure puisqu’à l’inverse, les ouvriers sont exposés à 20 mSv par an. Un des conseillers du Premier ministre japonais que j’ai questionné par deux fois sur ce sujet, a finalement botté en touche en distinguant d’un côté « la Science » (c’est-à-dire selon lui les études épidémiologiques de l’UNSCEAR et l’OMS, qui sont étroitement contrôlées par l’AIEA) et de l’autre, les « Politiques » (policy), c’est-à-dire toutes les mesures de compromis socio-économiques qu’un gouvernement doit prendre pour « gérer la crise » au mieux. Déjà, en temps normal n’est-ce pas, il faut bien exposer des travailleurs aux radiations pour pouvoir effectuer la maintenance des centrales nucléaires. Donc en contrepartie, le compromis consiste à accepter de payer un certain niveau d’indemnités pour ceux qui ont pris le risque d’effectuer ce travail.
C’est intéressant ce discours parce que voilà un homme du sérail nucléaire qui nous déclare tout bonnement la logique sacrificielle de ce que les sociologues et les historiens des questions de santé au travail ont nommé la logique assurantielle d’une injustice sociale : tu risques d’y laisser ta peau, et si de fait, il t’arrive quelque chose, on te paye, mais pas de procès, le système te prend en charge. Sauf que le système en question pose tout un tas de critères exclusifs pour ne pas prendre en charge (c’est comme tous les contrats d’assurances : ils sont remplis de clauses que vous n’aviez pas vues au moment de signer le contrat !).
Or donc, admettons qu’à 100 mSv par an, on ne sache pas exactement à quel point les radiations sont dangereuses. Eh bien, si on ne sait pas, on ne sait pas, mais alors on ne dit pas qu’il n’y pas de risque, ou qu’ils sont infimes.
En ce qui concerne le « compromis social » évoqué par l’expert du Premier ministre, on peut noter que depuis 1991, une quinzaine d’ouvriers japonais ont été reconnus victimes d’une maladie professionnelle suite à leur activité professionnelle dans des centrales nucléaires. Certains ont été atteints de leucémie après une exposition de 50 mSv par an. Or, dans la ville de Fukushima, soit à près de 50 kilomètres de la centrale (mais situé dans le couloir nord-ouest de vents qui a le plus contaminé durant les deux premières semaines de la catastrophe), certains quartiers avoisinent les 60 mSv par an. (Voir photos ci-dessous prises en juillet 2011 ; les valeurs sont exprimées en microsieverts par heure).
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Toute cette zone n’a pas été évacuée par les autorités, et ce n’est pas à l’ordre du jour. Le gouvernement considère sans doute que cela ferait trop de monde à indemniser.
Or ça ce sont des niveaux dignes d’une centrale nucléaire ! Par exemple, en 2009, à Fukushima Daiichi, qui est pourtant l’une des plus vieilles et l’une des plus pourries de toutes les centrales japonaises, aucun ouvrier n’a dépassé les 20 mSv d’exposition annuelle, officiellement du moins.
Les ouvriers ne sont donc pas les seuls concernés par les risques pour la santé dus à une surexposition aux radiations externes ; la population l’est aussi. Bref, c’est comme si toute la préfecture de Fukushima était devenue une vaste « zone contrôlée », le terme utilisé dans les centrales nucléaires pour désigner les zones où comme disent les ouvriers français, « ça crache », c’est-à-dire les zones soumises à des débits de dose élevés.
Mais il n’y pas que la radiation « externe ». Qu’en est-il si l’on avale des radiations ?
En effet, c’est ce qu’on appelle la contamination interne, soit par inhalation de particules radioactives (par exemple si un masque de protection n’est pas assez étanche lors d’une intervention en zône très irradiée), soit par ingestion d’aliments contaminés. Donc là, les risques concernent toute la chaîne alimentaire terrestre (riz, viandes, légumes, thé, etc.), et tous les produits de la pêche. Il y a régulièrement des petits « scandales » qui éclatent parce qu’on s’aperçoit que la chaîne de distribution de tel ou tel produit a été insuffisamment contrôlée.
Le problème majeur c’est que le gouvernement n’investit pas assez en appareils de contrôle des produits alimentaires. Ils sont bien sûr plus coûteux que de simples dosimètres, et il faut aussi compter les coûts de main d’œuvre pour effectuer tous ces contrôles.
Mais ça serait plus rationnel que les opérations de « décontamination » qui sont conduites à Fukushima. Le lobby nucléaire, qui y voit sans doute une nouvelle manne, presse le gouvernement de lui distribuer des subventions pour nettoyer… au karcher !
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Ce n’est déjà pas une bonne idée, parce que cela ne fait qu’évacuer la contamination dans les rivières et former de nouveaux « points chauds ». Et comme me l’ont expliqué récemment des paysans de Minamisoma et Iitate (des villes très touchées de la préfecture de Fukushima), ces opérations sont d’autant plus absurdes qu’elles sont menées sur les zones habitées et les terres cultivées, en laissant de côté les sommets des collines, les bois, les forêts, qui sont les zones les plus contaminées. Mais la pluie draine de nouveau la pollution en aval. Il n’y a pas besoin d’être diplômé de l’Université de Tokyo pour piger ça !
Donc il serait plus judicieux de payer des indemnités aux paysans et d’encourager ceux qui le souhaitent à se relancer dans les zones dépeuplées par l’exode rural et frappées par le vieillissement, qui sont nombreuses au Japon.
Mais visiblement, ce n’est ni la priorité des industriels ni le compromis « politique » envisagé.
Quelle est l’attitude de la population et des médias sur cette question ?
Beaucoup préfèrent penser à autre chose, et c’est plus rassurant de gober les balivernes de TEPCo et des savants verreux financées par le lobby nucléaire. Mais il y a eu aussi une prise de conscience croissante du problème, notamment grâce à une vaste mobilisation citoyenne dans la région de Fukushima et Tokyo, et sur le web. Mi-janvier, un congrès organisé à Yokohama par un forum d’associations antinucléaires a réuni 11500 personnes sur deux jours.
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Dans le premier mois de la crise, les médias classiques se sont surtout contentés de relayer les informations partielles, voire mensongères, de TEPCo et l’autorité de sûreté nucléaire. Il valait alors beaucoup mieux consulter en priorité les informations diffusées par des organisations comme le Citizen Nuclear Information Center (CNIC) qui ont été extrêmement réactives, très présentes sur le web et ont fourni une information indépendante de qualité sur la catastrophe nucléaire. Aujourd’hui la situation a beaucoup changé, et certains médias classiques contribuent de façon significative à cette prise de conscience, je pense en particulier au journal Tokyo shinbun, le mensuel Days Japan, et certaines émissions de la chaîne de télévision nationale NHK.
La NHK s’est vue récemment menacée d’attaques juridiques par le lobby nucléaire pour une enquête diffusée en décembre dernier. Il s’agit d’une enquête très intéressante qui questionne les recommandations de la CIPR (sur lesquelles s’appuie notamment le gouvernement japonais pour justifier l’absence d’évacuation d’une partie plus importante du territoire). Un des anciens membres du comité directeur de la CIPR dans les années 1990 a confié aux journalistes les pressions exercées par le lobby nucléaire international (c’est-à-dire les principaux bailleurs de la CIPR : US, Canada, Europe de l’ouest, Japon) pour éviter des recommandations plus strictes. Eh bien une pétition d’une centaine de cadres des principales entreprises de l’industrie nucléaire japonaise reprochent à ces journalistes d’avoir une vue partielle du problème ! Mais c’est peut-être un problème générationnel car plus de la moitié de ces pétitionnaires sont à la retraite. La jeune génération de journalistes et de scientifiques japonais saura donc peut-être répondre de façon argumentée et démocratique à ces inconditionnels de l’atome. Et il faut l’espérer si on veut que la population japonaise puisse se poser les bonnes questions pour affronter cette crise nucléaire sur le long terme, et protéger au mieux les jeunes générations des risques « stochastiques ».
Est-ce que les ouvriers du nucléaire sont plus conscients des risques posés par les radiations ?
Ca dépend quels ouvriers. Les bataillons d’intérimaires recrutés de façon sauvage, et qui n’avaient jamais mis les pieds dans une centrale auparavant, ont sans doute une perception très floue de ces risques. Quant aux anciens du nucléaire, c’est variable.
Dans les première semaines de la crise, ceux qui sont restés ou revenus à Fukushima Daiichi avaient tout à fait conscience qu’ils risquaient d’y laisser leur peau. Certains ont voulu assumer leurs responsabilités (à la différence de ces cadres d’Areva dont on raconte qu’ils ont déguerpi dès le 11 mars). A partir de juin, le pire semblait avoir été évité. Mais cela ne signifiait pas pour autant que tous les ouvriers présents avaient une connaissance précise des risques qu’ils encouraient pour leur santé. Je pense par exemple à T.S. un jeune ouvrier qualifié que je mentionnais dans Retour à Fukushima ; la première fois que je l’ai rencontré fin juin, j’ai été impressionné par son récit sans forfanterie des premières semaines de la catastrophe. Il avait une très bonne connaissance technique du fonctionnement d’une centrale, y compris des bâtiments réacteurs (en tout cas une connaissance largement supérieure à la mienne !). En revanche, il n’avait qu’une représentation très approximative des conséquences pour la santé d’une exposition brutale ou prolongée à des quantités importantes de rayonnements. A notre deuxième rencontre, fin juillet, il avait accepté que je sois accompagné d’un ami syndicaliste qui intervient dans les négociations avec le ministère de la Santé et du travail et qui connaît à fond tous ces problèmes car il s’en occupe depuis les années 1980. Ils ont poursuivi les contacts par la suite, et aujourd’hui, eh bien c’est T.S. qui informe ses camarades des risques encourus.
Je pense aussi à Monsieur Ookawa que j’ai rencontré en janvier (il est d’accord pour publier son nom car il a arrêté de travailler à Fukushima Daiichi). Il a travaillé 16 ans dans le nucléaire, au quatrième niveau de sous-traitance, intervenant sur la climatisation et la tuyauterie. Début avril, en seulement 4 jours, il a pris une dose de 16 mSv, contre une moyenne d’environ 2 mSv par an avant la catastrophe. Eh bien, il dit que, vu son âge, cela ne l’a pas effrayé plus que ça sur le moment. N’empêche qu’il a arrêté le boulot et il pense à faire un procès à son employeur ou TEPCo pour l’avoir surexposé de la sorte sans le prévenir.
Petit à petit, au contact des militants d’associations anti-nucléaires et des syndicalistes basés à Tokyo ou Osaka, ainsi que de certains journalises qui s’intéressent à leur sort, ces ouvriers ont pris conscience du prix qu’ils payent ou risquent de payer plus tard, ou pour les plus jeunes d’entre eux comme T.S., de faire payer à leurs enfants. Les associations qui mènent des négociations avec le ministère de la Santé ont pour objectif de ramener les doses d’exposition maximales aux critères antérieurs de 50 mSv par an, et pour une définition précise des « travaux d’urgence », car sinon l’urgence, qui a justifié de relever les barèmes, peut durer encore des dizaines et des dizaines d’années.
Qu’est-ce qui définit l’urgence et la gravité de la situation ?
Ca aussi c’est une question sans fond. A ce propos j’ai interrogé un des responsables de la cellule de crise de l’IRSN, qui a été envoyé auprès de l’ambassadeur de France au Japon dès le 12 mars. Comme je lui demandais son avis sur la décision du gouvernement japonais de relever à 250 mSv par an les normes d’exposition pour les travailleurs, il m’a répondu en substance :
L’enjeu majeur, c’était de sauver les piscines de stockage des barres de combustible usagé. C’est encore plus vital que les réacteurs. Parce que si elles fondent, elles dégageraient une radioactivité inouïe, non plus en dizaines ou centaines de millisieverts, mais en centaines voire en milliers de sieverts ! Auquel cas, on ne peut plus intervenir, on perd tout le contrôle du site. Et alors là, ce qui ce peut se passer, c’est un truc tellement dingue qu’on ne veut même pas y penser !
Quand il m’a expliqué ça, on était au mois de septembre, je croyais que le pire était passé, mais j’ai sentie une bouffée de sueurs froides parce que j’ai compris a posteriori que nos pires craintes dans les premières semaines de la crise étaient justifiées ; d’où par exemple la recommandation de l’ambassade de France au Japon, dès le 12 mars, de s’écarter de la région de Tokyo.
De fait, au Japon récemment, il y a un rapport qui est annoncé en grande fanfare pour le 11 mars prochain (une version anglaise résumée est déjà en ligne ici), et qui tend à confirmer que nous ne sommes pas passés loin de ce scénario catastrophe à la Godzilla. Ce rapport émane d’une commission soi-disant indépendante dont je doute un peu de l’indépendance parce qu’il tend à accabler le Premier ministre Kan et passe sous silence toutes les manigances de TEPCo et du lobby nucléaire. Mais ce rapport suggère en tout cas que si les piscines de stockage des barres de combustibles avaient fondu, il aurait fallu évacuer Tokyo.
Bref, si les « managers du risque » nucléaire eux-mêmes nous disent que cette industrie comporte un risque qui dépasse les calculs de probabilité, un risque tel qu’ils ne veulent même pas y penser, c’est qu’ils ont de bonnes raisons. Mieux vaut les croire sur ce point.
Pour en savoir plus :
le travail de Paul Jobin à Fukushima fait l’objet d’un chapitre du livre collectif Santé au travail : approches critiques (La Découverte, 2012).
Liens sur la situation à Fukushima :
Suivi régulier réalisé par l’ACRO
Fukushima Informations, compilation très régulièrement mise à jour de tous les articles de presse concernant la catastrophe
Fukushima Diary, également une compilation régulière d’articles de presse, en anglais
CNIC (Citizens’ Nuclear Information Center), ONG japonaise réputée, en anglais
Ecouter « Enfants de Fukushima », France Inter (émission Interception), 4 mars 2012 :
[mp3j track="https://www.asso-henri-pezerat.org/wp-content/uploads/2012/03/Enfants-de-Fukushima_4mars2012_France_Inter.mp3"]
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