Communiqué de presse, 9 août 2021
Soyons clairs ! Le passe sanitaire ne protège pas la santé des citoyens, travailleurs ou non, et porte atteinte aux droits fondamentaux de la personne inscrits dans la déclaration universelle des droits humains.
Il y a quelques mois, à l’initiative de l’association Henri Pézerat, un collectif d’associations et de syndicats revendiquait une autre stratégie de lutte contre la pandémie https://www.asso-henri pezerat.org/covid-19-une-autre-strategie-de-lutte-est-possible-mobilisons-nous/
Aucune de nos propositions n’a été entendue.
Le pouvoir a choisi la stratégie autoritaire et répressive. L’instauration du passe sanitaire est une nouvelle étape liberticide qui tend un peu plus le climat. Amendes et anathèmes ne sont pas des antivirus !
Au lieu de re-tisser un véritable réseau de soins de santé de base gratuits dans les villages, les quartiers, en commençant par les trop fameux « déserts médicaux », le pouvoir a choisi la politique la pire qui soit : « surveiller et punir » soit-disant au nom de la santé !
Or, parce qu’il concerne le droit de chaque personne de disposer de son corps, l’acte sanitaire quelque qu’il soit, ne peut avoir de sens qu’inscrit dans une réponse appropriée à l’ensemble des besoins de santé, réponse construite avec les premiers concernés et non contre eux, dans une démarche humaine et démocratique.
Depuis des années, Emmanuel Macron et ceux qui l’entourent n’ont eu de cesse de briser les contre-pouvoirs patiemment construits au fil des luttes, depuis plus d’un siècle, par les collectifs et syndicats de travailleurs. Le dernier acte de cette destruction implacable est celui contenu dans les ordonnances Macron de 2017 ayant mis fin au contre-pouvoir des CHSCT, dernier vestige d’une défense des droits à la santé des travailleurs dans le travail.
Depuis le début de la crise sanitaire, ce gouvernement a fait pression sur les inspecteurs du travail afin de faire obstacle à toute sanction des employeurs en infraction par rapport aux règles du code du travail, qu’il s’agisse du risque infectieux lié au COVID19, ou de tout autre
risque du travail. En parallèle, les travailleurs se sont vus refuser le recours au droit de retrait en cas de situation de danger grave et imminent, droit garanti par la convention n°155 de l’OIT, transposée en droit français en 1982 (voir encadré)
Droit de retrait Code du Travail, article L. 4131-1 Le travailleur alerte immédiatement l’employeur de toute situation de travail dont il a un motif raisonnable de penser qu’elle présente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé ainsi que de toute défectuosité qu’il constate dans les systèmes de protection. Il peut se retirer d’une telle situation. |
Dans sa volonté d’éradiquer toute velleité de résistance au pouvoir de l’employeur, le gouvernement instrumentalise la crise sanitaire pour pervertir le sens fondamental du contrat de travail. Celui-ci avait pour enjeu de garantir les droits fondamentaux de la personne du travailleur – à la vie, à la santé, à la dignité – en reconnaissant ces droits comme limite absolue au pouvoir de l’employeur. Par le rôle donné aux employeurs dans la mise en application du passe sanitaire, il libère le pouvoir discrétionnaire de ces derniers et rend le travailleur otage de ce pouvoir.
Nous tous qui sommes chaque jour confrontés à la dégradation des conditions de travail, à la montée des atteintes à la santé liées au travail, aux conséquences sanitaires gravissimes des accidents et débordements industriels (AZF, Lubrizol, mais aussi les très nombreux sites et usines qui répandent la pollution autour d’eux, sans oublier les pesticides), nous sommes révoltés par les mesures répressives mises en application, ce jour, par le gouvernement.
Nous appelons les travailleurs à recourir collectivement au plus fondamental de leurs droits, celui de se retirer d’une situation de danger grave et imminent. Il n’y a pas que la menace de la contamination COVID. Le plomb, l’amiante, les pesticides, la radioactivité, les hydrocarbures polycycliques aromatiques, mais aussi le stress au travail et la perte de salaire ou d’emploi blessent et tuent. Tous ces dangers justifient le retrait immédiat de ces situations de mise en danger.
Re-créons dans les ateliers, les écoles, les hôpitaux, la solidarité des collectifs de travail engagés non seulement dans la résistance aux risques du travail mais dans la construction patiente, démocratique et humaine du travail vivant comme bien commun qui doit cesser d’être pris en otage de la technocratie aveugle, néo-libérale, qui nous gouverne.
Nous renouvelons notre appel à l’instauration d’une autre stratégie de lutte contre la pandémie.
Nos revendications
Dans les quartiers, les communes, en milieu rural comme en milieu urbain, mobilisons nous pour des budgets alloués aux communes, aux associations, à tous les acteurs de vie sociale, pour organiser, non pas un programme vertical de dépistage, mais la re-création de structures de proximité, qui pourront, de façon humaine et gratuite, prendre en charge médicalement et humainement les malades, quelle que soit la ou les pathologies, mais aussi tous les laissés-pour- compte de cette crise.
Dans les écoles, collèges, lycées, exigeons non seulement un dédoublement pérenne des classes, mais tous les moyens nécessaires à la prévention de la contamination Covid et à la mission pédagogique qui est celle de l’école républicaine, à commencer par l’égalité. Exigeons la remise en place des CHSCT et l’attribution de moyens de formation, d’heures de délégation et de recours à l’expertise, assurant le rétablissement de ce contre-pouvoir indispensable à la protection des droits des travailleurs en matière de santé.
Exigeons que cessent les mesures autoritaires en reconnaissant la mobilisation citoyenne volontaire que chacun.e de nous met en pratique au quotidien, non seulement pour arrêter les chaînes de contamination Covid mais aussi pour l’avènement d’une véritable politique de prévention des atteintes à la santé professionnelles et environnementales.
Exigeons l’arrêt des « allègements » de cotisations sociales des grandes entreprises et le remboursement de la dette patronale à la sécurité sociale contractée depuis des décennies au détriment des droits de tous à une sécurité sociale de qualité.
Les morts – évitables – du Covid ne doivent faire oublier, ni les morts – évitables – de l’amiante et autres substances cancérogènes, mutagènes, neurotoxiques et reprotoxiques, ni les accidents mortels du travail – eux aussi évitables -, ni les suicides et burn out – oh ! combien évitables – dus à une organisation du travail mortifère. N’attendons pas le vaccin pour agir dès aujourd’hui, exiger des moyens et organiser la solidarité dans la lutte pour la santé, la dignité, la vie.
Contact : Annie Thébaud-Mony, 06 76 41 83 46