Fukushima un an après

Quelques angles morts de l’information sur une catastrophe nucléaire.

Le 6 mars 2012, la chaîne de TV franco-allemande diffusait une « enquête sur une super-catastrophe nucléaire », documentaire dans lequel des chercheurs et journalistes indépendants de l’industrie nucléaire apportent des précisions sur les explosions survenues dans la centrale de Fukushima Daichi, ainsi que sur l’absence de maîtrise du site par TEPCO, a contrario de la communication officielle diffusée par les autorités, japonaises, françaises ou internationales. Le premier anniversaire de la catastrophe aura vu un déploiement d’informations contradictoires.

Ainsi, un fait parmi tant d’autres : la piscine du réacteur n°4 contenait de ce combustible français contenant du plutonium que l’on appelle le MOX, exporté par AREVA à Fukushima en août 2010. Les techniciens AREVA présents le 11 mars 2011 ont fui dès l’arrivée du Tsunami, avant même de savoir ce qui se passait sur le site de la centrale. Selon les chercheurs expérimentés, le combustible usé entreposé dans la piscine aurait explosé quelques jours après le début de la catastrophe, projetant des débris de plutonium dans l’environnement. AREVA reconnaît les faits lors d’une conférence privée de l’industrie nucléaire à Stanford (USA), mais déclare en public que ce sont les fuites des autres réacteurs qui seraient à l’origine d’une explosion sur le site du réacteur 4, sans rupture du confinement de la piscine. Sans parler des imprécisions multiples qui émaille l’information sur les travailleurs sacrifiés de Fukushima…

Rappelons les connaissances acquises sur les effets sanitaires de la radioactivité. Coordonnée par le Centre International de Recherche sur le Cancer sous la direction d’Elizabeth Cardis , avec le soutien financier des industriels du nucléaire, une enquête internationale porte sur 400 000 travailleurs statutaires du nucléaire civil de 15 pays. Chez les travailleurs statutaires ayant subi une exposition chronique à très faible dose (19,4 mSv en dose moyenne cumulée sur la durée de la vie professionnelle), le risque relatif de mortalité par cancer de tous types est 2 à 3 fois plus élevé que chez les survivants d’Hiroshima.

Maladie à effet différé, le cancer n’apparaît que tardivement. D’autres effets précoces – atteintes immunitaires, génétiques ou cardiaques, vieillissement prématuré – sont scientifiquement établis mais soigneusement occultés par les autorités nationales et internationales. En France comme au Japon, les travailleurs sous-traitants du nucléaire paient le plus lourd tribu, en toute invisibilité…

De Tchernobyl à Fukushima, l’expérience la plus cruelle et la plus inquiétante est ce qui arrive aux enfants et aux enfants de ces derniers. A Tchernobyl, il est désormais acquis que les mutations génétiques liés à la contamination radioactive passent de génération en génération. Les victimes japonaises de la catastrophe de Fukushima sont à venir et ce sont les enfants qui sont et seront les plus atteints.

Les associations Henri Pézerat et Santé sous-traitance en appellent à une mobilisation des chercheurs, des journalistes et de tous ceux et celles dont les travaux instruisent les effets sanitaires de la radioactivité, afin qu’un débat plus conforme à la réalité des enjeux sanitaires de l’industrie
nucléaire voit le jour.

Refusons les mensonges et la désinformation concernant les effets de la catastrophe nucléaire de Fukushima !

Association Henri Pézerat

Association Santé Sous-Traitance-Nucléaire-Chimie

11 mars 2012

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