Alors que l’agence Reuters fait savoir que : « Trois juges se pencheront le 8 février sur un accord prévoyant le versement des quelque 1,5 million d’euros d’indemnités de départ que l’ex-présidente d’Areva Anne Lauvergeon réclame à son ancien employeur », un autre procès se déroule devant le TASS de Melun. Un ancien responsable de la maintenance d’une filiale d’AREVA, dans l’exploitation minière d’ARLIT (Niger), est décédé d’un cancer broncho-pulmonaire radio-induit reconnu en maladie professionnelle. Sa famille a engagé devant le TASS de Melun une action en faute inexcusable de l’employeur, contre AREVA qui décline toute responsabilité. C’est désormais une « tradition » dans l’industrie nucléaire, entre filialisation et sous-traitance, la responsabilité des risques et de leurs conséquences n’est jamais à mettre à l’actif des exploitants.
Selon Maître Jean-Paul Teissonnière, qui plaidait, ce 3 février, pour la famille, au tribunal de Melun, « AREVA, titulaire de la concession minière d’Arlit et actionnaire – alors majoritaire – de sa filiale COMINAK, est l’employeur réel ». Connaissant parfaitement les risques, les responsables AREVA au plus haut niveau ont failli à leur obligation de sécurité de résultats, vis-à-vis des travailleurs de la maintenance du nucléaire, au Niger comme en France.
Ce procès contribue à lever le voile sur les conditions indignes d’exploitation des mines d’uranium par AREVA en Afrique, comme le montre le dossier établi par la CRIIRAD.
Pour une maladie professionnelles reconnue chez un salarié français ayant travaillé au Niger, combien de morts et de malades dus à la radioactivité – rendus invisibles par les choix d’organisation du travail – chez les travailleurs du Niger et dans la population riveraine des mines et usines d’uranium dans ce pays ?
Solidaires de la famille éprouvée par ce décès, les associations Henri Pézerat et Santé Sous-Traitance veulent souligner l’écart entre les indemnités de départ demandées par madame Lauvergeon et le déni de responsabilité d’AREVA dans le cas d’une maladie mortelle due à la radioactivité.
Merci à tous ceux et celles qui liront ce communiqué de le diffuser largement pour vaincre la chape de silence autour des victimes de la radioactivité de l’industrie nucléaire française.
Communiqué, 3 février 2012, Association Henri Pézerat, Association Santé Sous-Traitance
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Voir également ce reportage sur la mission de contrôle radiologique menée par la CRIIRAD à la demande des ONG Sherpa et Aghirin man (Arlit, Niger, 2004), extrait du film « Nucléaire, une pollution durable » de Dominique Berger.